La SATT Conectus et Le Verre Fluoré signent une licence exclusive
Le Verre Fluoré ambitionne de révolutionner la détection de polluants par fibre optique grâce au lancement d’une technologie de micro-lentilles intégrées dans des fibres optiques en verre fluoré, issue des travaux d’équipes de recherche franco-algériennes.
La Société d’accélération du transfert de technologies (SATT) Conectus et le Français Le Verre Fluoré viennent de signer une licence exclusive pour l’exploitation mondiale d’une technologie développée par le Laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie ICube publique – sous la tutelle de l’Université de Strasbourg, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Insa Strasbourg, de l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement (ENGEES) et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) Grand Est – et le laboratoire LOA-IOMP de l’Université de Ferhat Abbas Sétif (Algérie).
Les applications des fibres optiques sont multiples, des télécommunications au médical en passant par la mesure. Dans le domaine de l’environnement, les fibres optiques en verre fluoré servent à des applications de détection fine, notamment en pollution environnementale.
Contrairement aux fibres optiques classiques en silice, les modèles en verre fluoré transportent plus spécifiquement des faisceaux aux longueurs d’onde du moyen infrarouge (MIR). Mais les systèmes de détection MIR utilisent des lentilles classiques, qui engendrent une déperdition de puissance importante (de l’ordre de 60 % de pertes) entre la source lumineuse et l’entrée de la fibre optique.
Pour lever ce frein technologique, des équipes de recherche franco-algériennes ont développé la technologie Microcurved, qui s’appuie sur l’intégration de micro-lentilles directement à l’extrémité du cœur de la fibre optique. Cette technologie est issue d’un projet collaboratif franco-algérien PHC Tassili entre laboratoires de la recherche publique, et a bénéficié d’un soutien de la SATT Conectus.
Une efficacité de couplage supérieure à 70 %
Pour le professeur Sylvain Lecler (voir photographie) et son équipe IPP Instrumentation et Procédés Photoniques au sein du laboratoire ICube en collaboration avec le professeur Nacer Eddine Demagh (voir photographie) et son équipe, « l’enjeu scientifique était triple : trouver le bon matériau transparent dans le moyen infrarouge, être capable de contrôler la forme de la lentille et développer une technique simple pour qu’un objet de quelques dizaines de microns soit correctement centré sur le cœur de la fibre optique ».
Parmi les avantages mis en avant par Le Verre Fluoré, on peut citer une efficacité de couplage – la puissance en sortie de fibre en fonction de la puissance du laser – supérieure à 70 % avec des fibres optiques « micro-lentillées », contre 40 % avec des fibres optiques nues, un diamètre de la micro-lentille de 10 à 50 µm pour un masse de 0,1 g (5,5 mm et 10 g pour une lentille classique), une focalisation des faisceaux sur quelques micromètres (jusqu’à la limite de diffraction), un coût réduit de 40 % par rapport à celui de lentilles classiques, etc.En plus de rendre possible la détection des polluants avec une efficacité inégalée, la technologie Microcurved devrait trouver des débouchés dans de nombreux domaines tels que l’environnement, la recherche, le médical, le spatial, la défense, etc. Le Verre Fluoré ciblera prioritairement la détection de polluants, et plus particulièrement des gaz (CO2, rejets véhicules, méthane dans l’agroalimentaire…).
« Historiquement, nos activités de fibres optiques MIR portent sur l’astronomie, le spatial et la recherche. Aujourd’hui, les applications médicales représentent 75 % de nos activités. Grâce aux micro-lentilles, nous disposons désormais d’une solution technologique performante pour le marché de la spectroscopie des gaz », explique Samuel Poulain (voir photographie), directeur général de Le Verre Fluoré.