« Le salon ContaminExpo est le symbole même de ce que représente l’Aspec, un lieu d’échanges et de mise en relation entre acteurs et fournisseurs »
Dans cette période de l’année où les manifestations s’enchaînent, le salon ContaminExpo, associé au congrès ContaminExpert, cultive ses différences depuis bientôt quarante ans sur un marché qui concerne, aujourd’hui, de nombreuses industries, à savoir la maîtrise de la contamination des salles propres. Stéphane Ortu, directeur général de l’Aspec, et Tatiana Paulard, chargée de communication et de marketing à l’Aspec, reviennent, pour ViPress Mesure, sur les temps forts de la prochaine édition parisienne.
Propos recueillis par Cédric Lardière
ViPress Mesure. En guise d’introduction, pouvez-vous présenter l’Aspec pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore l’association ?
Stéphane Ortu. L’Aspec est effectivement une association créée en 1971 et spécialisée dans la maîtrise de la contamination en salle propre. À l’origine, il s’agit d’une demande de la part de l’entreprise internationale américaine IBM qui voulait produire ses microprocesseurs dans les conditions les plus propres et les plus strictes. Pour y parvenir, plusieurs experts se sont réunis autour d’une table pour réfléchir à la maîtrise de la contamination. C’est le début de l’Aspec. Plus de 50 ans après, presque toutes les filières industrielles mettent en œuvre aujourd’hui des salles propres pour assurer des productions de qualité : la micro-électronique, donc, l’industrie pharmaceutique, la santé, le spatial, les cosmétiques, l’agroalimentaire, les dispositifs médicaux, la micromécanique, les montres de prestige, les centres de données et, plus récemment, les hôpitaux.
ViPress Mesure. Quelles sont les missions de l’Aspec ?
Stéphane Ortu, directeur général de l’Aspec : « La mission première de l’association consiste à créer du contenu technique et scientifique sur la maîtrise de la contamination des salles propres, ainsi que des liens entre les différents acteurs. »
Stéphane Ortu. La mission première de l’association consiste à créer du contenu technique et scientifique sur la maîtrise de la contamination des salles propres, ainsi que des liens entre les différents acteurs qui sont la recherche fondamentale, les utilisateurs de salles propres, issus des filières mentionnées précédemment, et les fournisseurs de solutions techniques (produits ou services). Pour fédérer l’ensemble des acteurs et apporter du contenu, nous nous appuyons sur plusieurs activités. La première est l’événementiel avec l’organisation de la biennale ContaminExpo – à Paris, depuis 1989, et à Lyon, en alternance chaque année depuis 2022 – et du congrès parisien ContaminExpert, ainsi que de journées techniques dans toutes la France. L’Aspec est également un organisme de formations accrédité Qualiopi (formations internes faites à Paris, à Lyon et à Bordeaux et formations intra-entreprises) et fort de 50 formateurs extérieurs. Nos activités portent enfin sur la rédaction de guides et fascicules techniques, et la réalisation de conseils, d’audits et d’expertises.
ViPress Mesure. Que réserve la 19e édition de ContaminExpo et de ContaminExpert, qui se déroulera du 25 et 27 mars 2025, à Paris Expo – Porte de Versailles ?
Stéphane Ortu. Le salon ContaminExpo est le symbole même de ce que représente l’Aspec, c’est-à-dire un lieu d’échanges et de mise en relation entre acteurs et fournisseurs, avec la présence de 150 exposants et de 4 000 visiteurs en moyenne. Les visiteurs peuvent utiliser une application numérique pour prendre rendez-vous avec les exposants en amont et, ainsi, anticiper leur visite. La création et le transmission de contenus (retours d’expérience, savoir-faire…) sont assurées par le congrès scientifique ContaminExpert et, désormais, par l’espace Agora. Ce lieu d’échanges en libre accès et gratuit, où experts et professionnels partagent leur expertise sur les salles propres, a plutôt, comme objectif, de faire découvrir les différents métiers aux débutants et néophytes.
Tatiana Paulard, chargée de communication et de marketing à l’Aspec : « Les visiteurs pourront, par ailleurs, voir quatre salles propres grandeur nature (pharmaceutique, semi-conducteurs, blocs opératoires, centres de données) sur la zone d’exposition. »
Tatiana Paulard. Les visiteurs pourront par ailleurs voir quatre salles propres grandeur nature (pharmaceutique, semi-conducteurs, blocs opératoires, centres de données, décontamination) sur la zone d’exposition. Même si cela représente, pour les sociétés concernées, un défi technique de monter ces installations en 48 h, ces salles propres sont une véritable valeur ajoutée, une attractivité de notre salon, parce qu’elles fournissent une expérience immersive aux visiteurs, l’occasion de découvrir en réel ce qu’est une salle propre, les éléments qui la constitue et les contraintes. Normalement, il est très difficile, voire impossible, de visiter une salle propre en fonctionnement.
ViPress Mesure. Quels autres temps forts sont-ils prévus cette année ?
Stéphane Ortu. On peut mentionner la remise des prix de l’innovation dans les catégories « Équipements constitutifs de la salle propre », « Matériel d’exploitation » et « Services », prix qui sont l’occasion de récompenser des innovations et des PME françaises. Parmi les autres temps forts de l’édition 2025, on peut encore mettre en avant les conférences sur la publication en français et l’entrée en vigueur de l’annexe 1 des bonnes pratiques de fabrication (BPF), relative à la fabrication des médicaments stériles, ainsi que la présentation des résultats des études de marché que nous réalisons sur les grandes tendances (évolution des métiers, de réglementations dans le spatial). D’autres sujets seront à l’honneur, tels que l’intelligence artificielle (IA) – plus que d’en parler, c’est maintenant de voir comment l’intégrer dans les salles propres – et l’efficacité énergétique. Les salles propres étant très énergivores, plus la hausse des tarifs de l’électricité, nous montrons des exemples du terrain ayant apporté des gains énergétiques et, donc, des gains financiers.
ViPress Mesure. À l’instar de tous les autres secteurs industriels, la mesure occupe forcément une place importante dans le domaine de la maîtrise de la contamination des salles propres. Comment cela traduit-il sur le salon et le congrès ?
Stéphane Ortu. Effectivement, la mesure est toujours un sujet très important puisque c’est la finalité même d’un processus de création d’une salle propre. Une fois la salle conçue et construite, il faut la contrôler et la validité de ce contrôle est liée à plusieurs facteurs (incertitudes de mesure, véracité des utilisations, matériaux utilisés). Il y a ensuite la surveillance en continu (monitoring), qui est d’ailleurs liée à des contextes réglementaires incitant à vérifier la capacité de détecter un problème à l’instant t, et pas en contrôle ponctuel. La surveillance est d’ailleurs un sujet que l’on voit de plus en plus à chaque édition. On parle même d’intégrer de l’intelligence artificielle pour mettre en place, à terme, une surveillance prédictive. En plus d’une animation sur la mise en place de capteurs dans l’une des salles propres grandeur nature, le Collège français de métrologie (CFM), un de nos partenaires historiques, interviendra à l’espace Agora sur le sujet « Salles propres : quels enjeux pour la métrologie ? ».
ViPress Mesure. Dans quel contexte économique le salon ContaminExpo et le congrès ContaminExpert ouvriront-ils leurs portes ?
Stéphane Ortu. Le marché des salles propres se porte bien, même s’il est sujet à des contraintes politiques et financières. Il y a néanmoins toujours besoin de maîtriser la contamination d’environnements, avec le retour de la micro-électronique en France après une délocalisation durant les années 1990 et 2000, l’implantation de nouveaux sites pharmaceutiques, l’apparition de filières qui n’utilisaient pas de salles propres auparavant (comme les montres de prestige, les data centers, la fabrication des batteries au lithium). Si les besoins en termes de salles propres diffèrent entre la micro-électronique, l’industrie pharmaceutique et le spatial, par exemple, toutes les filières s’enrichissent les unes les autres. Nous constatons justement une évolution des mentalités depuis plusieurs décennies : auparavant, l’approche était plutôt « qui peut le plus peut le moins » et, maintenant, les industriels sont plus pragmatiques et optimiser que leurs salles propres correspondent à leurs besoins, sans être surdimensionnées.
Une salle propre (ou une salle blanche, selon certains usages) est une pièce où la concentration particulaire est maîtrisée afin de minimiser l’introduction, la génération, la rétention de particules à l’intérieur, généralement dans un but spécifique industriel ou de recherche scientifique. Les paramètres tels que la température, l’humidité relative et la pression relative sont également maintenus à un niveau précis. D’un point de vue normatif, on parle de salle propre à partir du moment où elle est classée au sens de l’ISO 14644 et selon la concentration maximale admissible en particules de taille égale ou supérieure à 0,1 µm jusqu’à 5 µm (ISO 1 à ISO 9). L’éventail des salles va des plus « propres », avec des exigences très élevées (comme en microélectronique) à des environnements moins « propres », mais qui restent contrôlés.