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Les récentes annonces interrogent sur le devenir des IIoT

Les récentes annonces interrogent sur le devenir des IIoT

Entre la mise en redressement judiciaire de Sigfox, les arrêts programmés des offres LoRaWAN Objenious, ainsi que de la 2G et la 3G par Orange, de nombreuses questions peuvent se poser sur l’avenir du marché des objets connectés industriels (IIoT).

Cédric Lardière

En ce début d’année 2022, et plus précisément entre la fin du mois de janvier et le début du mois de mars, les (mauvaises ?) nouvelles se sont succédé. Il y a d’abord eu la mise en redressement judiciaire du Français Sigfox, puis l’annonce de l’arrêt programmé de la commercialisation des offres LoRaWAN Objenious, par l’opérateur français Bouygues Telecoms, ainsi que l’annonce de l’arrêt de la 2G et de la 3G d’ici respectivement 2025 et 2028, par l’opérateur français Orange. De nombreuses questions se posent désormais sur l’avenir du marché des objets connectés industriels (IIoT) et, plus généralement, de nombreux équipements utilisés par les entreprises.

Crédit : Sensoneo

Revenons d’abord sur la situation chahutée de l’opérateur de réseau bas débit français. C’est le 26 janvier 2022 que Sigfox a annoncé son placement en redressement judiciaire. Cette annonce faisait suite à la mise en place d’un plan de licenciement portant sur 10 % de ses effectifs, sur un total d’environ 400 personnes, en septembre 2020, puis au départ de son cofondateur et PDG Ludovic Le Moan, remplacé par Jeremy Prince, en février 2021. L’opérateur était confronté à des difficultés financières depuis plus de 18 mois.

Comme le rappelle notre confrère L’Usine digitale, Sigfox avait basé sa stratégie sur la construction de l’infrastructure du réseau, stratégie financée par différentes levées de fonds-pour un total d’environ 300 millions d’euros-, mais la société a tourné casaques début 2021 en choisissant un modèle économique orienté vers les services et l’accompagnement des entreprises dans l’Internet des objets. Sans jamais avoir été rentable… Le Français avait revendu son réseau en Allemagne en 2020-la société était partenaire d’autres opérateurs ailleurs-, mais n’avait pas réussi à se séparer de ses réseaux en France et aux États-Unis.

Plusieurs repreneurs pour Sigfox

La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 et la pénurie de semi-conducteurs sont avancées par la société pour justifier son placement en redressement judiciaire. Mais comme le souligne encore L’Usine digitale, d’autres raisons peuvent expliquer cette situation : une croissance moins rapide que prévue du marché de l’IoT, la concurrence accrue de technologies standardisées, comme le LoRa, le NB-IoT, le LTE-M et, surtout, la 5G.

Selon notre confrère France3 Occitanie, dans un article en date du 1er mars, neuf acteurs sont sur les rangs : la start-up française Actility, le fonds d’investissement sud-africain Buffet Investment Service Consortium, la société d’investissement britannique Greybull Capital, l’opérateur Sigfox allemand Heliot Europe, l’opérateur Sigfox dubaïote iWire Innovation Management, le groupe français Oteis France, le Français Sentiens, le Singapourien UnaBiz et le groupe français ZeKat, qui vient d’ailleurs de reprendre ffly4u. Affaire à suivre d’ici fin juillet et la fin de la période d’observation.

Crédit : Objenious by Bouygues Telecoms et Renault

Toujours dans le domaine des réseaux étendus à basse consommation (Low Power Wide Area Network ou LPWAN), Bouygues Telecom a annoncé, le 28 février 2022, l’arrêt de son réseau LoRaWAN, des services associés et de l’offre Objenious Starter. L’arrivée des technologies cellulaires LTE-M et NB-IoT permet de répondre aux principaux besoins actuels et à venir des clients IoT, que ce soit en France et à l’international. Il existe déjà aujourd’hui plus de 160 réseaux NB-IoT et LTE-M à travers le monde.

Face au développement très rapide de ces technologies, Objenious a donc fait le choix d’accélérer leur déploiement et de se positionner sur un panel technologique IoT cellulaire complet, en devenant ainsi le premier acteur IoT en France à proposer à la fois les technologies NB-IoT et LTE-M. Le réseau LoRaWAN commercialisé par Objenious et les services associés ne seront plus accessibles au-delà de décembre 2024. La société proposera à ses clients des possibilités de migration pour les accompagner vers les solutions IoT cellulaires alternatives. Quant à l’offre Objenious Starter, elle ne sera plus disponible dès le 1er septembre 2022.

Accompagner les industriels utilisant encore la 2G/3G

Du côté d’Orange, l’opérateur français a officialisé, le 1er mars 2022, à l’occasion du salon Mobile World Congress (MWC), qui s’est déroulé du 28 février au 3 mars 2022 à Barcelone (Espagne), l’arrêt de 2G et de la 3G dans un certain nombre de pays, et en particulier la France. Michaël Trabbia, directeur Innovation et Technologie d’Orange, a ainsi précisé le calendrier suivant : la technologie 2G sera arrêtée à la fin de l’année 2025 et la technologie 3G, à la fin de l’année 2028.

Orange met dans la balance l’optimisation continue de son réseau mobile pour toujours proposer la meilleure connectivité possible, sur l’ensemble du territoire français. Entre la 4G et le déploiement de la 5G, l’opérateur français fait donc le choix de se recentrer vers ces technologies. En fermant les réseaux 2G/3G, il pourra réutiliser la bande des fréquences de 900 MHz sur des réseaux 4G/5G, améliorant ainsi encore un peu plus la connectivité actuelle.

Crédit : Endress+Hauser

Cette volonté de ne plus faire coexister plusieurs technologies est par ailleurs un axe fort de la stratégie « Engage 2025 » du groupe français. L’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit d’anticiper de dix ans les objectifs de la GSMA en étant neutre en carbone d’ici 2040-un engagement remontant à la COP21 en 2015. Et cela malgré l’accroissement des usages et des besoins (voix, données) sur les réseaux.

Mais comme le fait remarquer notre confrère 01net.com, l’arrêt de la 2G va toucher de plein fouet les professionnels. Sur les 22 millions de terminaux répertoriés par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), la plupart utilise les technologies 2G/3G : les machines de paiement par carte bancaire, les horodateurs, les télé-alarmes, les capteurs de pression, les ascenseurs, les compteurs ou encore les distributeurs automatiques de billets. Il faudra donc que tous ces industriels soient accompagnés pour continuer à bénéficier de ces services.

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