« Si nous ne faisons pas évoluer le salon, si nous ne prenons pas de risques, le pire ennemi du CFIA, c’est nous »
A l’occasion de la 28e édition du Carrefour des fournisseurs de l’industrie agroalimentaire (CFIA), qui se déroulera du 4 au 6 mars 2025 au Rennes Parc Expo (Ille-et-Vilaine), ViPress Mesure est allé à la rencontre de Sébastien Gillet, directeur général de GL events Exhibitions Industrie et directeur du salon. Il présente les évolutions apportées à cette édition, comme un nouveau hall dédié à la sécurité alimentaire, le Village de l’intelligence artificielle (IA).
Propos recueillis par Cédric Lardière
ViPress Mesure. Avant de découvrir les nouveautés prévues pour l’édition 2025 du Carrefour des fournisseurs de l’industrie agroalimentaire (CFIA), pouvez-vous dresser un bilan de la précédente édition ?
Sébastien Gillet. L’édition 2024 fut un joli succès. Suite à la pandémie de Covid-19, la fréquentation de tous les salons avait forcément diminué et, plus généralement, les mentalités et la manière de visiter les salons avaient aussi un peu changé. Malgré cela, la densité de visiteurs du CFIA en 2024 est quasiment revenue au niveau d’avant la pandémie : nous avons en effet repassé la barre des 20 000 visiteurs (21 558, plus précisément, pour 1 700 exposants). La venue de politiques – cela n’était jamais arrivé en 27 éditions – , comme Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et d’un média national (BFM Business) ont également contribué à la réussite de l’édition 2024. La qualité du salon, elle, a toujours été présente sur le salon, parce que nous nous trouvons dans le berceau de l’agroalimentaire et qu’il est un secteur en constante évolution, en constante innovation.
ViPress Mesure. Quelles sont les grandes tendances dans le domaine de l’agroalimentaire ?
Sébastien Gillet. En « Ingrédients et PAI (Produits alimentaires intermédiaires) », les industriels travaillent sur des produits plus naturels dans l’assiette ou des produits permettant aux consommateurs de manger plus sain et de mieux manger. Au niveau des « Emballages et conditionnements », les axes de développement concernent, notamment, le décret d’application de la loi Anti-gaspillage et pour une économie circulaire (AGEC), décret dit « 3R » (Réduction, Réemploi et Recyclage). La sécurité est également un sujet qui revient assez régulièrement dans les discussions que nous avons avec les visiteurs, que ce soit la sécurité alimentaire, la traçabilité, les outils de mesure, etc.
ViPress Mesure. Est-ce la raison pour laquelle un hall sera dédié à la sécurité lors de l’édition 2025 ?
Sébastien Gillet. Effectivement. À chaque édition du CFIA, il y a un focus sur la sécurité au travers soit d’innovations, soit de thèmes de conférences, etc. Quitte à agrandir la zone d’exposition, nous avons trouvé plus pertinent d’ajouter une nouvelle typologie d’entreprises qui répondent à une attente des visiteurs que d’ajouter des fournisseurs de solutions déjà bien représentées sur le salon. C’est ainsi que le nouveau hall 12 va accueillir 80 à 85 exposants en lien avec la sécurité des aliments, le quatrième pôle thématique. Compte tenu de la configuration particulière du Rennes Parc Expo, il faut toujours essayer de trouver le bon compromis entre densité de visiteurs et nombre d’exposants, et aussi au niveau des flux de visiteurs. Les industriels qui viennent aujourd’hui sur un salon ont des besoins concrets et précis. Les visiteurs intéressés par un sujet donné iront forcément dans la zone qui les concerne… même si ce hall se trouve en retrait. Apporter un peu plus de cohérence et de lisibilité aux visiteurs en créant des espaces dont les thèmes concernent un large éventail d’entreprises est également un plus dans un pôle thématique (« Équipements et procédés ») qui accueille environ 800 entreprises. Si nous ne faisons pas évoluer le salon en termes d’exposition, de contenu, de nouveautés, si nous n’écoutons pas notre marché, si nous ne faisons pas du CFIA « the place to be », si nous ne prenons pas de risques, le pire ennemi du salon, c’est nous.
ViPress Mesure. C’est dans ce cadre-là que s’inscrit donc l’Agro’Nova. Pouvez-vous décrire cette nouveauté de l’édition 2025 ?
Sébastien Gillet. Cet espace accueillera des start-up qui présenteront leur savoir-faire et des innovations sur le thème « Mieux manger pour mieux vieillir : anticipez le papy-boom ! ». Il s’agit d’aborder les modes de consommation des seniors pour les cinq, dix ou vingt prochaines années, comme des aliments, l’ergonomie des emballages (la praticité d’ouverture, par exemple), etc.
ViPress Mesure. Quelles autres nouveautés pouvez-vous annoncer ?
Sébastien Gillet. Nous avons observé que l’intelligence artificielle (IA) est déjà présente, d’une manière indirecte, sur le salon. Ce fut le cas, par exemple, avec deux entreprises sélectionnées pour les trophées de l’innovation 2024. Le rôle d’un salon est d’être précurseur sur les nouvelles tendances ou, en tout cas, d’apporter des réponses sur des sujets que certains industriels ne maîtrisent pas forcément. C’est pour cette raison que l’édition 2025 accueillera, pour la première fois, un Village de l’intelligence artificielle fort d’une vingtaine d’entreprises, de nouveaux exposants pour la grande majorité d’entre elles. Le fait de consacrer un village dédié à l’IA permet en effet d’attirer une autre typologie d’entreprises, plutôt des TPE et PME, qui vont montrer que cette technologie a toute sa place dans l’industrie agroalimentaire. Il ne faut pas voir l’IA comme une technologie qui va remplacer les personnes, comme certains le disent. Une autre nouveauté réside dans l’évolution des conférences pour que leur contenu soit encore plus étoffé. Cette année, par exemple, la scène Agora va propose des contenus inédits, accueillir des personnalités influentes du secteur et offrir des master classes captivantes sur les grandes thématiques de l’agroalimentaire.
Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire n’échappe pas aux problèmes d’attractivité des jeunes et de compétences. En tant qu’animateur de communautés, notre rôle est de mettre en relation les services RH des entreprises avec les élèves, de la 4e jusqu’aux écoles d’ingénieurs. Le 6 mars est d’ailleurs organisé le Food Talent, un espace dédié aux talents et aux métiers d’avenir dans l’agroalimentaire, avec des démonstrations, des présentations et des rendez-vous pour les personnes cherchant un stage ou un emploi. Nous arrivons à attirer entre 1 300 et 1 500 jeunes chaque année. Nous sommes, enfin, en train de travailler à améliorer l’affluence du dernier jour du salon pour rendre, de nouveau, le jeudi attractif pour les visiteurs. Cela prendra peut-être la forme d’un événement festif capable de réunir l’ensemble des acteurs de l’agroalimentaire.
ViPress Mesure. Vous êtes-vous fixés des objectifs de fréquentation pour cette nouvelle édition ?
Sébastien Gillet. Comme nous allons bénéficier d’une zone d’exposition un peu plus grande, avec un hall supplémentaire (hall 12), l’objectif est d’atteindre au moins les 21 000 visiteurs, toujours dans cette volonté de conserver une bonne densité de visiteurs dans les allées et la qualité du salon. Nous pouvons nous permettre de prendre des risques avec de nouvelles thématiques, une réorganisation et un agrandissement de l’exposition sans fragiliser la pérennité du CFIA, contrairement à d’autres salons.