Le Cetiat a réalisé une bonne année 2023
Le centre technique a, notamment, pu s’appuyer sur les actions collectives, son activité de formation, pour enregistré un chiffre d’affaires de 14,4 millions d’euros, et ce malgré une pénurie de personnels et un contexte économique plutôt difficile pour le marché en général. L’autre grand fait de 2023 est la préparation du nouveau contrat d’objectifs et de performances pour la période 2024-2027.
Les dirigeants du Centre technique des industries aérauliques et thermiques (Cetiat) peuvent être satisfaits de l’année fiscale réalisée en 2023. Le centre technique a en effet réalisé un chiffre d’affaires de 14,4 millions d’euros, en croissance de 2,1 % par rapport à l’année précédente (après une hausse de 3 % entre 2021 et 2022). Ce montant se répartit pour 5 M€ issus des actions collectives et pour 9,4 M€ générés par les actions marchandes, qui regroupent les étalonnages (3,3 M€), les études (3,1 M€), les essais (2,2 M€) et la formation (800 000 €).
« La croissance s’est bâtie surtout sur nos missions d’actions collectives, dont le montant est passé de 4,6 M€ à 5 M€ en un an, dans le cadre de l’accompagnement de la profession (le suivi de l’évolution normative et réglementaire, la simplification et les méthodes d’essais) et des projets pluriannuels portant sur l’innovation. Ces actions collectives sont en particulier financées par la taxe fiscale affectée (TFA), qui a encore augmenté, de +6 % en 2023 », indique Pierre Claudel (voir photographie ci-contre), directeur général du Cetiat.
Parmi les projets pluriannuels, on peut citer le développement de deux brûleurs fonctionnant à l’hydrogène pur, l’un pour les applications industrielles et l’autre pour les applications résidentielles, ainsi que la conception de machines thermodynamiques avec de nouveaux fluides frigorigènes et des travaux sur la ventilation « intelligente » des bâtiments. « Les actions collectives se sont aussi, pour le Cetiat, un moyen de ressourcement et de création de compétences utiles dans le développement de nos activités », ajoute Pierre Claudel.
L’activité d’étalonnage pénalisée par la pénurie de personnels
Derrière ces résultats financiers positifs se cache en fait une situation plus contrastée en termes d’activités au cours de l’année. « Les actions marchandes ont été à la peine en raison des difficultés de recrutement de techniciens d’essais, surtout au premier semestre 2023, ce qui a fortement impacté notre capacité de production, en particulier pour l’activité d’étalonnage. Si le chiffre d’affaires a diminué par rapport à 2022, ce n’est pas le cas des commandes. La situation s’est fortement inversée au second semestre, avec un marché de l’emploi qui commence à revenir à la normale. L’industrie, en général, est confrontée à un turnover au-dessus de 10 % depuis trois ans et à une pénurie de personnels », ajoute Pierre Claudel.
« Le marché a connu un très fort début 2023, avec un premier dans la continuité de 2022. Le marché s’est ensuite retourné à partir de la fin du mois d’avril. La construction de bâtiments neufs a subi un net recul, dont on ne commence à voir les effets dans le génie climatique que maintenant, et le secteur de la rénovation a connu un très fort ralentissement mi-2023 », explique Yves Fanton d’Andon (Atlantic ; voir photographie ci-contre), président du Cetiat.
Le marché de la pompe à chaleur (PAC) air-air est l’un des rares secteurs qui s’est bien comporté en 2023, et le marché du traitement d’air s’est également bien maintenu grâce, notamment, à la prise de conscience par les acteurs de l’importance de la qualité d’air dans les bureaux. A cela s’ajoute une accélération des réglementations, en particulier environnementales, qu’elles soient françaises ou européennes.
Une activité de formation en très forte hausse
« Les industriels sont également soumis à un double objectif : développer de nouvelles solutions et accélérer le déploiement de la décarbonation dans le bâtiment et l’industrie. Si le premier objectif se fait souvent sur le temps long, contrairement au deuxième, les entreprises doivent faire preuve de beaucoup d’agilité pour concilier ces deux objectifs », poursuit Yves Fanton d’Andon.
Une autre satisfaction pour le centre technique porte sur la formation, une activité qui a enregistré une progression de 23 % en un an du chiffres d’affaires, qui est passé de 650 000 € en 2022 à 800 000 € en 2023, après déjà une hausse similaire entre 2021 et 2022. « Il y a une forte demande de formations, en particulier de formations à destination des installeurs dans le cadre de la qualification RGE (reconnu garant de l’environnement) Qualibois, QualiPV, QualiPAC », constate Pierre Claudel.
En tant que centre technique industriel (CTI), il est important pour le Cetiat de disposer de moyens d’essais à la pointe de la technologie afin de mener à bien ses actions collectives et marchandes. C’est ainsi que le centre technique a investi 1,1 M€ en 2023 pour, notamment, rénover un banc d’étalonnage en débitmétrie liquide et ses infrastructures sur les auxiliaires – par exemple, le raccordement au réseau de chaleur urbain apporte une flexibilité accrue en termes de sources énergétiques – afin de réduire sa consommation d’énergie.
Un nouveau COP, dans la continuité du précédent
« Par ailleurs, 2023 fut une année importante pour le Cetiat, puisque nous arrivions à la fin du contrat d’objectifs et de performances (COP) pour la période 2020-2023 et que nous avons lancé la co-construction du COP pour 2024-2027. Le bilan du précédent COP est une action en très forte croissance sur la “Transition énergétique et écologique” et la décarbonation (“Industrie du futur”), la cocréation de l’alliance Allice pour faire progresser la cause de la décarbonation de l’industrie et la mise en place de projets pluriannuels – 32 projets, dont 15 déjà achevés – , cette façon de travailler ayant fait exploser le taux de participation de la profession (+250 %) », rappelle Pierre Claudel.
Le nouveau COP pour la période 2024-2027 s’articule autour de trois axes principaux, dans la continuité de ceux du COP précédent : « Décarbonation, sobriété énergétique et économie circulaire », « Métrologie de l’énergie » – « par exemple, une thèse vient de se terminer sur la métrologie de la mesure de l’humidité dans les solides, un projet qui concerne l’énergie, la biomasse en particulier, et l’agroalimentaire (les grains, typiquement) », signale Pierre Claudel – et « Confort/Santé/Sécurité », avec le traitement des virus et bactéries dans le cadre d’un système de ventilation (suite à la pandémie de Covid-19), en plus du confort thermique et de la qualité de l’air intérieur.
Ces trois axes vont s’appuyer sur quatre autres axes complémentaires : « Evaluation des performances », où l’on retrouve les travaux en normalisation, en réglementation, en certification et en méthodes d’essais, « Transition numérique et intelligence artificielle », à savoir la manière d’intégrer l’IA dans les produits et la manière de tester ces produits intégrant de l’IA – cela rejoint les notions d’essais semi-virtuels et virtuels – , « Diffusion des savoirs et expertises » et « Souveraineté et résilience ». « La formation s’inscrit dans la diffusion des savoirs et expertises, nous ambitionnons d’atteindre un chiffre d’affaires d’au moins 1 M€ pour cette activité », annonce Pierre Claudel.
Un chiffre d’affaires 2024 supérieur à 15 M€ ?
Fort de ces constats, le Cetiat table, pour l’année 2024, sur l’affectation de 5,385 M€ aux actions collectives, avec, par exemple, la montée en compétence d’un ingénieur sur l’économie circulaire, sachant que la TFA sera en forte décroissance compte tenu des résultats financiers en recul des entreprises de la profession, ainsi que sur un chiffre d’affaires de 9,8 M€ pour les actions marchandes.
« Le début d’année a bien démarré pour les activités de formation – nous devons travailler avec les industriels sur la mise en place de formations adaptées à leurs besoins – , d’essais et d’étalonnage, tandis que les études pour la décarbonation de l’industrie sont pénalisées par des temps de décisions extrêmement longs », constate Pierre Claudel. Parmi les autres ambitions, le centre technique veut poursuivre les investissements à des niveaux élevés (1,2 M€ en 2024).
« L’un des gros travaux lancés cette année est la mise en place d’une nouvelle plate-forme d’essais afin d’être en capacité de tester les machines thermodynamiques intégrant des fluides frigorigènes inflammables. L’étape suivante sera de décliner cette solution à l’ensemble des plates-formes d’essais », explique Pierre Claudel. Et Yves Fanton d’Andon de conclure en rappelant que « 2024 est la première année du nouveau COP et que l’objectif reste d’accompagner la profession sur les risques technologiques qu’elle doit prendre pour prendre le tournant de la décarbonation ».