Le Cetiat investit dans de nouveaux bancs d’essais
Pour mener à bien ses projets collectifs, en particulier en métrologie de l’énergie, de son nouveau COP 2024-2027, le centre technique s’est doté d’un laboratoire pour la mesure de l’humidité dans les solides. D’autres moyens sont d’ores et déjà dans les cartons.
Le centre technique des industries aérauliques (Cetiat) est reconnu dans les domaines des essais, de l’étalonnage – il est d’ailleurs laboratoire de référence en hygrométrie, en anémométrie et en débitmétrie liquide, c’est-à-dire qu’il détient les étalons de référence pour ces trois grandeurs physiques – et de la formation. « Il y a une autre facette un peu plus méconnue de nos activités, sur laquelle nous avons également bâti la réputation internationale du centre technique. C’est l’activité des projets innovants », explique Pierre Claudel, directeur général du Cetiat.
Et le nouveau Contrat d’objectifs et de performance (COP), pour la période 2024-2027, qui a été signé le 9 juillet dernier, est l’occasion de découvrir des investissements réalisés par le centre technique pour mener à bien les projets collectifs. Pour rappel, le nouveau COP s’appuie sur trois axes techniques, à savoir la décarbonation, la sobriété énergétique et l’économie circulaire, le confort/santé/sécurité et la métrologie de l’énergie – cette thématique s’appuie sur les trois références du Réseau national de la métrologie française cités précédemment – , axes supportés par quatre thématiques transverses. Il s’agit de l’évaluation des performances, de la transition numérique et de l’intelligence artificielle (IA), de la diffusion des savoirs et des expertises, et de la souveraineté et de la résilience.
« Sur les quatre prochaines années, notre objectif est de consacrer 30 % de notre R&D à la décarbonation, la sobriété énergétique et l’économie circulaire, et 20 % au confort/santé/sécurité – le montant de R&D, qui correspond à la Taxe fiscale affectée (TFA), s’élève à près de 5 millions d’euros – , ainsi que de pouvoir accompagner 800 entreprises dans la métrologie de l’énergie, annonce Pierre Claudel. Et dans un contexte actuel caractérisé par des difficultés économiques, le rôle d’un centre technique est vraiment primordial : en menant des actions collectives pour l’ensemble des acteurs de la profession, nous contribuons à “dérisquer” leurs futurs projets. »
Un prototype portable pour la mesure d’humidité dans les solides
Pour ses projets en métrologie de l’énergie, le Cetiat a étendu ses capacités d’essais en hygrométrie. « Depuis quelques années, nous travaillons sur l’humidité dans les solides, qui est une grandeur physique importante à prendre en compte dans la combustion de biomasse, par exemple. Nous avons ainsi créé un laboratoire dotés des moyens nécessaires pour étalonner des humidimètres, à savoir une thermobalance, un système de titrage coulométrique selon Karl Fisher (méthode électrochimique) et une nouvelle solution de caractérisation diélectrique par micro-ondes », explique Pierre Claudel.
Ce prototype, développé par la thésarde Bayan Tallawi, qui a d’ailleurs été embauchée à l’issue du projet, met en œuvre une source de micro-ondes, une cellule de mesure et un analyseur de réseau vectoriel portable, l’objectif étant de pouvoir emmener cette solution sur site. « Tous ces moyens nous ont ainsi permis de participer au projet européen GrainMet qui porte sur la traçabilité dans les produits agroalimentaire en vrac (les grains, principalement), en particulier pour les transactions commerciales », poursuit Pierre Claudel.
Toujours en hygrométrie, le Cetiat a développé, en partenariat avec 2MProcess et Bronkhorst, un nouveau moyen d’étalonnage pour la mesure d’humidité de l’air. Il s’agit d’un banc de dilution avec génération du point de rosée à partir du mélange de l’air ou d’un gaz sec et de la vapeur d’eau obtenue par évaporation d’eau liquide. La maîtrise et la stabilité de la concentration de cet air ou ce gaz humide, grâce, notamment, à une régulation optimisée et à des débitmètres à effet Coriolis, assurent un gain en productivité, en réalisant les essais plus rapidement, et sur une gamme plus étendue en pression et gaz, qu’avec le banc historique à bain en circulation avec génération d’une température de rosée à partir d’un bain thermostaté.
Un futur banc pour caractériser les capteurs QAI
Au Cetiat, les actions collectives en métrologie de l’énergie prennent un autre aspect avec la publication de guides. « Nous proposons déjà un guide des bonnes pratiques pour la mesure des débits d’air sur site – il s’agit de la révision d’un guide existant pour prendre en compte, entre autres, de nouveaux appareils – et nous lancerons, en 2025, un guide portant sur les recommandations pour caractériser les bains et les fours d’étalonnage industriels », annonce Laure Mouradian, directrice des actions collectives et de l’innovation du Cetiat. Si le centre technique propose des prestations d’étalonnage pour les sondes de température utilisées comme référence dans les bains et les fours, les industriels doivent caractériser eux-mêmes leurs équipements, et ce d’une manière fiable et répétable pour s’assurer de la qualité de leurs mesures.
D’autres annonces sont d’ores et déjà prévues comme un nouveau banc pour caractériser les capteurs de qualité de l’air intérieur (QAI) intégrés dans les systèmes de ventilation, par exemple. Ce banc, développé avec Serv’Instrumentation, génère un air aux propriétés maîtrisées (humidité, CO2 et/ou autres gaz). « Pour nos ressortissants, les objectifs sont de pouvoir qualifier les capteurs disponibles sur le marché (capteurs infrarouge et photo-acoustique) et définir un choix industriel, ainsi que caractériser les moyens de mesure mis en œuvre pour inspecter lesdits systèmes. C’est important que les usagers prennent conscience de l’intérêt d’une bonne qualité d’air », insiste Laure Mouradian.